Récemment mise en ligne par le Haut- Commissariat à la stratégie et au plan, une étude baptisée « Des écoles au marché du travail : la marée descendante de la dénatalité » revient sur la baisse continue des naissances enregistrée ces dernières années et sur ses conséquences à moyen terme. Une baisse structurelle des naissances Alors qu’elles avaient augmenté de 9 % entre 1995 et 2010, les naissances ont reculé de 22 % entre 2011 et 2024. Un repli qui se poursuit en 2025, les naissances ayant baissé, au cours du 1 er semestre, de 3 % par rapport à la même période de 2024. Parallèlement, précise Maxime Sbaihi, l’auteur de l’étude, « les décès s’inscrivent en hausse de 3 % sur les 6 premiers mois de l’année sous l’effet du vieillissement de la population et avec l’arrivée des premières cohortes de baby- boomers (1945-1974) à des âges de plus forte mortalité ». Conséquence, depuis le mois de mai dernier, le nombre de décès est supérieur en France à celui des naissances. Un phénomène que les dernières projections de l’Insee n’attendaient pas avant 10 ans. Côté indicateurs, cette baisse de natalité s’illustre par l’effondrement de l’indicateur conjoncturel de fécondité (nombre d’enfants par femme) qui est passé de 2,03 en 2010 à 1,62 en 2024 (son plus bas depuis 2019) et par celui du taux de natalité qui n’est plus aujourd’hui que de 9,7 alors qu’il dépassait 13 naissances pour 1 000 habitants au début des années 2000. De l’école aux entreprises Cette baisse de la natalité a déjà eu pour effet de réduire de 8 % les effectifs des écoles depuis 2015. Concrètement, « entre 2010 et 2024, la France a ainsi fermé 1 662 écoles maternelles et 4 227 écoles primaires », précise l’auteur de l’étude. L’enseignement secondaire commence également à être touché. Les effectifs des collèges diminuent depuis 2020 et ceux des lycées devraient suivre le même chemin dès 2026. Le second degré devrait ainsi perdre 226 000 élèves d’ici 2029. Quant à l’enseignement supérieur, le recul du nombre des nouveaux étudiants devrait se faire sentir à partir de 2029, puis s’amplifier au fil des années. « Les effectifs de néobacheliers inscrits en première année dans l’enseignement supérieur devraient ainsi baisser de 8 % à horizon 2035 par rapport à aujourd’hui et de 20 % d’ici 2042 », avance Maxime Sbaihi. Ce recul des naissances s’accompagne logiquement d’un vieillissement de la population et donc d’une diminution du nombre de personnes en âge de travailler (16-64 ans). Une population en déclin depuis 2011 et qui devrait se réduire de 7 % d’ici 2050, redoute l’économiste du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan. Pour réduire les effets de cette crise démographique annoncée, Maxime Sbaihi précise, tout de même, que la France « dispose de plusieurs leviers pour adapter son économie à une démographie passée de vent porteur à vent contraire : travailler plus, automatiser davantage, accueillir mieux ». 7